C’est au détour de petites routes qui fleurent le bon vin tels que Nuits-Saint-Georges ou Vosne-Romanée que je rejoins Françoise Aubert au cœur de sa demeure et de son Quilt-shop. Nous voici au Château de Bessey-lès-Cîteaux, dans la Bourgogne profonde. C’est ici que Françoise et Philippe Aubert ont créé leurs chambres d’’hôtes il y a 15 ans et que Françoise a monté sa boutique de patchwork.
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Ce sont ses parents qui ont acheté cette belle bâtisse inoccupée dans les années 60. Ils ont dû entreprendre, à l’époque, de gros travaux de charpente. A leurs décès, Françoise et son mari ont aménagé au Château afin de tenir une promesse faite aux parents quelques années plus tôt. Ils ont à leur tour mis en œuvre des travaux : restauration de planchers et rafraîchissement des pièces.
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Puis, ils ont fondé les chambres d’hôtes et la boutique. Françoise a tenu absolument à conserver intactes les peintures qui ornent l’une des pièces car elles sont partie intégrante de l’histoire du château. En effet, pendant la seconde guerre mondiale, le château a d’abord été occupé par les allemands puis par les pilotes d’Outre-Atlantique, le 320ème « Bom group ». Il était situé entre deux aéroports (à l’époque, aérodromes militaires) : Dôle-Tavaux et Dijon Longvie. La base militaire de Longvie étant engorgée, quelques avions ont été déplacés à Dôle-Tavaux. Les pilotes américains ont été emmenés chaque jour par camions. Finalement, le maire de Tavaux leur trouva quelques chambres chez l’habitant. C’est ainsi que le château de Bessey-Lès-Citeaux fut réquisitionné. Ce sont les soldats américains qui ont peint les dessins ci-dessous dans la pièce leur servant de bar. Certains pilotes vétérans sont revenus à Bessey-lès-Citeaux pour le grand plaisir de Françoise qui s’est inspirée de ce fait pour faire un magnifique Memory-quilt reprenant les faits marquants de cette épopée.
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Fresques murales réalisées par les pilotes américains
Alan Day, un des vétérans originaire d’Auckland, en Californie, se rendant en France, a souhaité revoir le château. Ne parvenant pas à le retrouver, il a finalement étudié minutieusement une carte afin de retrouver cet endroit si chargé d’émotions et il a ainsi pu venir saluer Françoise et renouer avec ses souvenirs. Ralph Thomas Waldrop, un autre pilote originaire de Paducah, Texas, est venu lui aussi revoir cette demeure et a noué avec notre quilteuse des liens d’amitiés, à tel point qu’elle est parvenue à le traîner au Quilt show de Paducah.
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Mais revenons à notre époque. C’est à l’aube du nouveau millénaire que Françoise et Philippe Aubert ont ouvert une première puis une seconde chambre d’hôtes.
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C’est pourtant le magasin de patchwork qui a ouvert ses portes le premier. Françoise, passionnée depuis de nombreuses années, pensait qu’une telle boutique s’accorderait à ravir avec le cadre du château.
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Elle me confie avoir été très impressionnée lors de ses voyages aux US.A de voir des quilts-shops disséminés à travers le pays au milieu de nulle part, telle cette échoppe en préfabriqués dans les bois et qui tournait bien grâce aux premiers pas des sites de vente en ligne.
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Boutique perdue au milieu des bois dans l’Oregon (source : http://la-bricole.blogspot.fr/2008/10/usa-2008-oregon-crater-lake-et-cote.html)
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L’art du quilt, elle l’a découvert grâce au somptueux plaid rouge et blanc suspendu dans l’escalier d’une amie de la région parisienne il y a plus de 20 ans. Lorsque celle-ci lui a dit l’avoir confectionné elle-même, elle a voulu se lancer dans l’aventure ! Qui pouvait prévoir qu’elle allait faire de cette passion un travail à temps complet ? C’est auprès de Mme Talovici, de « Colorado Quilt », à Dammartin-en-Goële, qu’elle a appris à faire du patchwork. Ce qu’elle aimait particulièrement, c’était de récupérer les tissus, de les mélanger et les assembler pour en faire de superbes ouvrages. Elle a toujours eu une affection particulière pour les quilts des grands-mères américaines. Il faut dire qu’elle est très attachée à la culture Outre-Atlantique du patchwork. Notre charmante hôtesse (qui a d’ailleurs été hôtesse de l’air puis Chef de cabine chez Air France) a beaucoup voyagé et se rend encore régulièrement aux Etats-Unis sur les salons et expositions. Cela lui permet de connaître toutes les nouvelles techniques, telle que les « Crazy paniers », afin de les transmettre par le biais de l’amie qui l’assiste durant les cours.
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Afin de mettre en avant les nouvelles collections de tissus, Françoise confectionne régulièrement des quilts qui servent d’exemple, qui mettent en scène les tissus! Elle réalise ainsi des plaids superbes qui inspirent ses fidèles clientes. Elle aime énormément les plaids traditionnels et notamment les reproductions d’anciens de chez Windham.
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Il y a peu, elle a eu le privilège d’accueillir Lynette Anderson au château. Celle-ci souhaitait organiser des stages dans ce cadre champêtre. Leur histoire s’est tissée au fil des ans. Françoise a tout d’abord acheté des patrons et tissus de Lynette par le biais de Rinatex. Pendant presque 20 ans, elle apercevait la Designer sur les salons et lorsqu’elle lui a donné sa carte de visite, Lynette l’a glissée dans sa poche. Puis un jour, cette carte de visite a inspiré la designer pour faire son fameux « château hexagone ».
Elle est venue visiter la demeure et a mis en place, il y a 2 ans, ses stages au château de Bessey, pour la plus grande joie de celles qui auront eu la chance d’y assister. Cette année encore, 3 jours de stages se dérouleront à Bessey. Pour les inscriptions, c’est par ici :
http://www.littlequiltstore.com.au/shop/category/quilt-camp-france-2015/
info du 5 juillet 2015 : le stage n’aura malheureusement pas lieu. Suite a une mauvaise chute, Lynette S’EST abîmé le POIGNEt. Elle ne peut pas voyager pour le moment. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement!
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Aujourd’hui, Françoise Aubert songe sérieusement à passer le relais à ses enfants. Son fils Philippe et sa belle-fille Tifany sont en passe de reprendre les chambres d’hôtes, quant à sa fille Aurélie, c’est elle qui aujourd’hui est la responsable du magasin. Pourtant, c’est encore Françoise qui vous accueille à la boutique, les horaires sont plus légers certes, mais elle prend son temps pour laisser définitivement cet endroit qui a représenté toute une seconde partie de vie professionnelle. Pour Françoise, vous l’aurez compris, le patchwork est la grande passion de sa vie et elle tirera l’aiguille et se rendra sur les salons en France et à l’étranger encore bien longtemps. Qui sait si après sa boutique de patchwork elle pourra se résigner à quitter définitivement un monde professionnel qui lui a tant apporté…?
Natacha Ramora