Le batik est une technique d’impression des étoffes qui existe depuis des millénaires. On trouve cette technique dans plusieurs communautés d’Afrique de l’Ouest, du Moyen-Orient et d’Asie. Le mot « Batik » a pour racine le mot Javanais Titik, qui signifie « point » et il correspondrait à « ce qui se dessine, ce qui se peint ». Le Batik Javanais est très élaboré et c’est tout naturellement que le Batik Indonésien a été inscrit en 2009 au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité *. Certains chercheurs affirment que cette technique aurait ses origines en Inde. Pline l’ancien (1er siècle avant J.C) décrit ainsi, dans son « Histoire Naturelle » , une méthode d’impression Egyptienne des tissus semblable au batik.
Les secrets de fabrication du Batik Indonésien se transmet de générations en générations. Hélas, il y a de moins en moins d’ateliers familiaux, ils sont mis en péril par l’industrie de l’impression. En Afrique, il semble que cet art soit encore bien vivant.
Afin de comprendre les étapes complexes de la fabrication d’un Batik Africain, je me suis documentée auprès de plusieurs sites que je vous invite vivement à consulter :
http://www.african-concept.com/art-batik.html
http://www.duppata.com
http://www.ghanacraft.com/batik-africain.htm
La technique de fabrication d’un batik dite « de reserve »
Le Batikié choisi généralement un tissu blanc et de coton ou parfois de jute, chanvre, soie, laine ou lin pourvu qu’il absorbe correctement les pigments et la cire. L’artiste dessine le motif désiré et applique ensuite de la cire chaude sur le dessin à l’aide d’un petit pinceau afin de le préserver lors de la première teinture de la toile.
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Les parties qui doivent être conservées en blanc sont recouvertes de deux couches de cire sur les deux faces pour ne pas être imprégnées par le bain de teinture.
Les teintes vertes et violettes peuvent être appliquées directement au pinceau, sans phase de trempage, pour des herbes ou des feuillages par exemple. La toile sera ensuite séchée au soleil.Puis ces parties teintes à la main sont recouvertes de cire pour les préserver durant le trempage.
Une première teinture est enfin réalisée dans une bassine d’eau chaude. Le batikié peut utiliser des poudres telles que la soude caustique et l’hydrosulfate de soude. Ce mélange empêchera le batik de déteindre et préservera les couleurs au fil des lavages. Le degré de coloration s’obtient ensuite par l’eau froide ajoutée progressivement. Une fois toutes ces opérations achevées, il procède au trempage.
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Puis les toiles sont étendues au soleil qui éclaircit peu à peu les tissus qui étaient très sombres. Les motifs imperméabilisées resteront donc blancs.
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Les tissus s’éclaircissent au soleil (source : African-concept)
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Les premières couleurs choisies sont toujours les plus claires pour terminer par les plus foncées. Dans un batik, on joue davantage sur les degrés d’intensité plutôt que sur un large éventail de couleurs différentes. Avant une seconde teinture, afin de créer des effets, on peut casser la cire à certains endroits ou encore, faire bouillir le tissu pour faire fondre la cire. Le batikié recommence ensuite chaque opérations autant de fois que nécessaire. Chaque couleur nécessitant un bain de trempage différent, la fabrication d’un batik peut prendre une semaine ou plusieurs mois.
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Pour terminer, le tissu sera rincé une ultime fois et préparé pour la mise en vente.
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Il faut savoir qu’en Inde, le batik traditionnel comportant des motifs géométriques ou floraux symbolisent un statut social. Au Ghana, l’un des ateliers de batiks, représente sur ses étoffes des symboles de la culture Ashanti. Ces symboles Adinkra sont liés à un proverbe ou un dicton.
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Symbole Gye Nyame Symbole Nsoroma
* « Gye Nyame signifie ‘sauf Dieu’. Il symbolise la toute-puissance de Dieu, créateur du monde et de l’humanité. Gye Nyame est le symbole adinkra le plus populaire au Ghana. »
* « Nsoroma signifie ‘enfant du ciel’. Il représente une étoile symbole de tutorat, de confiance et de courage. C’est aussi un symbole de foi. »
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En Indonésie, le symbolisme est très fort et à chaque étape de la vie correspond un batik. Ainsi, l’echarpe de portage du nourrisson est ornée de motifs qui lui porteront chance. Il existe des batiks spéciaux pour les mariages, pour la femme enceinte, mais aussi pour les divers milieux professionnels ou universitaires. Les défunts, quant à eux, sont drapés dans des linceuls en batik.
Si d’aventures je devais me rendre dans l’un de ses pays et que je décidais d’acheter un véritable batik fait dans la tradition, je le choisirai avec soin, pensant à toute l’implication et la minutie de l’artisan qui l’a créé. Il me semble important, dans un monde ou tout va si vite, que des artisans de tout pays sachent conserver intact et transmettre leur art et leur savoir-faire, symboles de leur culture et de leurs traditions.
Pour terminer, je voudrais saluer l’initaitive de l’association DUPPATA (voir lien plus haut) qui, dans le cadre du commerce équitable, vend des batiks traditionnels produits par un atelier de Pondichéry. Ce dernier permet à des jeunes filles sans famille et non scolarisées de vivre de leur travail.
Bonne semaine à toutes et tous et à bientôt pour un nouvel article !
N@tacha
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* D’après la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel, on entend par Patrimoine Culturel Immatériel « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire …….. que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel ….. ».